Je souffre depuis mon enfance de poliomyélite. Cette maladie me limite au niveau de mes déplacements (marche). Aujourd’hui je dois me déplacer en béquilles ou en fauteuil roulant.
J’ai connu l’entreprise quand je demeurais à Pointe-à-la-Croix. Je cherchais du travail et c’est le CLSC qui m’a appelé pour me dire qu’il y avait un CTA (centre de travail adapté) qui allait ouvrir à Amqui. Je suis donc venu à Amqui et j’ai été engagé le 12 juin 1981.
BERTRAND RATTIE CHEZ IMPRESSIONS ALLIANCE 9000
À cette époque, l’entreprise opérait sous le nom «Les Industries modulaires de la Vallée» dans le secteur du réusinage d’alternateurs et de démarreurs d’automobiles et comptait une dizaine d’employés. Jusqu’en 1985, il y avait des hauts et des bas. De 1988 à 1990, il y a eu les prêts de service pour sauver les emplois. J’ai moi-même fait 3 ou 4 prêts, entre autres, dans des cordonneries et dans une autre entreprise de réusinage d’alternateurs/démarreurs. Entre-temps, je revenais à l’usine faire l’encartage et la distribution de circulaires, du décapage de meubles scolaires et le nettoyage de CB pour Hydro-Québec.
En 1991, c’est la fin de la crise. L’entreprise développe un nouveau créneau et se lance en reliure. Elle opérera sous le nom de Reliure Amqui. Nous étions 4 à 5 personnes avec peu d’équipement : on parle d’un poinçon, de deux spiraleuses et d’un vieux couteau qui fonctionnait «au gallon» et que l’on avait baptisé affectueusement Popof (y toffe mais y achève). C’était un couteau russe (ah! ah!).
On avait des contrats de 500 documents et on trouvait ça gros. Ça prenait au moins une semaine à trois personnes. Notre espace de travail était petit, car beaucoup d’espace était loué pour d’autres commerces. Cependant, l’espoir de remettre l’entreprise en bonne santé commençait à se faire sentir. On avait plus de contrats avec les imprimeurs de la région. Puis, nous avons eu les insertions des factures de cellulaire de Québec -Téléphone. Nous avons ajouté d’autres équipements : un couteau programmable (Challenge), une assembleuse (Vario) et une plieuse.
Sans contredit, l’arrivée du dossier des calendriers Desjardins a changé l’entreprise. De la petite entreprise que nous étions, nous nous sommes hissés au niveau des grands. Cela a été un excellent coup pour l’organisation. Par la suite, nous avons récupéré tous les locaux disponibles pour nos propres activités de reliure. Puis les agrandissements se sont succédé.
Même lorsque nous avions des périodes plus difficiles, je demeurais confiant et j’avais toujours le goût de venir travailler chaque matin. Ce que j’aime de l’entreprise, c’est que tout le monde est égal. Il y a le même respect, que ce soit le patron ou bien les employés. Nous sommes aussi informés des décisions des gestionnaires; nous avons une meilleure communication.
Un centre de travail adapté dans une région comme la nôtre est essentiel, car nous serions probablement tous sur l’Aide sociale. Les personnes handicapées vivent encore aujourd’hui un phénomène d’exclusion du marché du travail. Ici, nous nous sentons valorisés et nous contribuons à la Société. Je me sens utilisé à ma juste valeur et selon mes capacités. J’ai constamment de nouveaux défis qui me permettent de m’accomplir comme travailleur.
Pour ma part, je souhaite être ici pour encore plusieurs années.
Bertrand Rattie
Préposé, finition/reliure